Midnight Sun || PV Jaspy ||

Fin de journée pour Jasper. En ce mois de fin d’année, la nuit tombait plus rapidement et chacun se hâtait de rentrer dans sa salle commune, afin de s’affaler dans un fauteuil bien moelleux et de se réchauffer à la lueur du feu, récompense largement méritée à cause d’une longue journée harassante à étudier sans cesse la magie. En ce moment-même, les élèves se racontaient leurs journées et discutaient, en petits groupes. Chuchotements, rires, pleurs, indignations ou conspirations, il y a de tout dans la célèbre école de magie. Et pour nous, il a surtout Jasper Cullen, qui se pressait de rentrer à Serdaigle, sa maison.

Il avait eu une journée fatigante, et bien qu’il aime étudier, il n’aspirait qu’à une chose : s’allonger dans son lit, et rêvasser. Il gravit tous les étages d’Hogwarts, attendant patiemment que les escaliers eussent terminé leurs facéties, et s’empressa de souffler le mot de passe de Serdaigle à l’oreille du tableau. Celui-ci bougonna, mais Jasper, habitué, n’y prêta pas attention. Dans la salle commune, il y avait quelques filles que Jasper connaissait de vue. Elles le saluèrent en gloussant. Pas de Alice en vue. Zut, Jasper aurait aimé discuté un peu avec sa cousine… Elle savait le faire rire, et décompresser un peu n’aurait vraiment pas fait de mal à Jaspy. Le jeune homme monta dans le dortoir, défit l’agrafe de sa cape et de sa robe de sorcier, laissant l’uniforme tomber à terre.

Jasper s’effondra sur son lit, poussant un soupir bienheureux. Ses membres étaient fourbus, fourmillaient de fatigue. Quand à sa tête, n’en parlons pas : une vraie citrouille ! Quelques garçons pénétrèrent, au grand malheur de Jasper, dans le dortoir, en riant et se chamaillant. Et merde. Pas moyen d’être tranquille. Jasper se redressa, quelque peu agacé. D’un geste rageur, il enleva son pull, se retrouvant ainsi en tee-shirt et en jean. De son sac, il sortit un paquet de cigarettes, cette saleté moldue dont Nat et lui étaient de friands adeptes. C’était Carlisle qui ne devait pas être content. Il n’était pas gâté, pauvre Carlisle. Jasper fit jaillir de son briquet une petite flamme, qu’il s’empressa d’éteindre sitôt la cigarette embrasée. Le Serdaigle aspira une large bouffée réconfortante. Mais bientôt, de nombreuses réprobations se firent entendre. Non, Cullen, tu ne nous emmerdes pas avec ta saleté de cigarette ! Le tabagisme passif, tu connais ? Ca va puer dans tout le dortoir, après, merde ! Va fumer ailleurs, Jasper, s’il te plaît. Okay, c’est bon, Jasper avait compris. Sa Lucky Strike n’était pas la bienvenue dans le dortoir des sixièmes années de Serdaigle et comme la majorité semblait l’emporter, le jeune homme décida de foutre le camp. Il enfila un tee-shirt propre et une veste, glissa son paquet presque vide et son briquet dans une de ses poches et partit vite fait. Pas la peine de s’attarder plus longtemps.

Quand le jeune homme sortit de sa salle commune, faisant ronchonner le tableau gardien, il fut frappé par le silence qui régnait dans les couloirs de son école. Et par le froid, aussi. Le vieux Ogden devrait songer à réchauffer les couloirs de son école. Jasper s’accouda alors à la barrière de pierre. De là, il pouvait contempler tout le parc. Désert. Le crépuscule voilait le ciel comme le voile de la brume. Une lueur dorée, mais froide, recouvrait le château d’Hogwarts. Jasper fit alors une comparaison étonnante : cette couleur, c’était celles des yeux de Nat. Dorée, dansante, mais si froid, au fond…Cela faisait plusieurs jours que Jasper n’avait pas eu l’occasion de parler en tête à tête avec son cousin. Mais ils en avaient bien profité, durant l’été. La chambre de Jaspy était devenue leur sanctuaire. Les deux garçons en sortaient rarement, et il se murmurait de mauvaises blagues chez les Cullen. Jasper n’y prêtait pas attention. Ils avaient parlé, parlé, parlé avec Nathaniel, durant des jours et des nuits. Leur maturité précoce était un atout : ils pouvaient aborder des sujets dont les adolescents ne parlent pas toujours entre eux, ou même avec leurs parents. Et Jasper attendait avec impatience l’été prochain. Nathaniel et lui n’habitaient qu’à une heure trente l’un de l’autre, une fois qu’ils auraient passé leur permis de transplanage, à eux la belle vie ! Façon de parler, puisque l’un des deux Cullen était mort-vivant, en quelque sorte.

Jasper ressentit une brusque envie de voir son cousin. S’il y avait bien une personne de sa famille avec qui il ne voulait pas mettre de la distance, c’était bien Nat. Le jeune Serdaigle quitta son point d’observation, et se dirigea vers les cachots, quand au bord de l’esclaier, il stoppa. Non, par un coucher de soleil pareil, Nathaniel ne serait jamais resté dans les cachots, à croupir. Non, il était sûrement monté en hauteur, pour observer. Jaspy connaissait l’âme rêveuse de son cher cousin… Jasper fit donc volte-face et se dirigea vers le grenier d’Hogwarts, endroit apprécié du Vampire, car il offrait une vue sublime sur le ciel et le parc.

Le Serdaigle écrasa tout d’abord sa cigarette par terre, puis reprit sa route. Arrivé à la porte du grenier, il l’ouvrit. Celle-ci grinça légèrement. Jasper gravit l’escalier, ce qui lui donna légèrement le tournis. Une autre porte. Jaspy la tourna silencieusement, et l’entrouvrit, juste assez pour voir s’il avait vu juste. Bingo. Nat était là, assis sur le rebord de la fenêtre. Plus … vampirique que jamais. Jasper se sentit rougir, à matter ainsi son cousin. Bon, il ne le mattait pas vraiment, mais il avait la sensation d’être un voyeur. Bordel, Nat était si…attirant. Si irréel. Son aura de beauté, de mystère…Qui cachait tant de choses. Si Jaspy avait été un sale gosse, il aurait sans doute été jaloux de ce cousin si superbe, mais heureusement, Jasper était satisfait de ce qu’il était, c’est-à-dire un humain sorcier. L’adolescent ouvrit la porte, juste assez pour le laisser passer et la ferma doucement. Jasper resta un moment immobile, silencieux. Puis son corps consentit à bouger et Jasper s’approcha de Nathaniel. Un sourire presque invisible s’étira sur les lèvres de Jaspy, et d’une voix douce, le Serdaigle murmura :

« Bonsoir, Nat. J’étais sûr de te trouver ici … »

Nat avait l’air d’aller bien. Son teint d’habitude immaculé avait presque repris quelques couleurs. Un sourire plus dessiné éclaira le visage angélique du Serdaigle, qui ne disait rien. Avec Nat, pas besoin de mots. Tout passait par l’atmosphère de la pièce, les bruits, le souffle de leurs respirations. C’était comme un langage à part, seulement entre eux deux, un monde auquel les autres n’avaient pas droit car il n’était qu’à eux, le Vampire et l’Ange.

[ Pas super, d'zeulay ç_ç ]

Narcisse Noir - « Bonsoir, Jasper. S'il-te-plaît, évite de sourire comme ça. Je suis éblouis. Mes yeux de prédateur de la nuit ne supportent pas la lumière trop vive. Maintenant, c'est malin, je vois des flashes et des étoiles partout. »

Aux paroles ironiques de son Vampire de cousin, le sourire déjà rayonnant de Jasper s’élargit encore plus. Deux fossettes naquirent aux coins de ses lèvres, deux délicieuses petites rides qui plissaient sa peau. Le rire cristallin de son cousin lui fit un choc, au plus profond de son être. C’était si beau, le rire de Nat. A le voir comme ça, qui croirait qu’un Suceur de sang se cachait derrière ce jeune homme au rire si pur ? Personne. Tout le monde lui rirait au nez, et on considérerait Nathaniel comme un ange, ce qu’il était loin d’être, bien sûr. Un frisson parcourut l’échine du Serdaigle, qui se trouva d’être stupide d’être ébranlé par un simple rire. De plus, le compliment sous-entendu de son cousin sur son sourire l’avait fait rougir. Pfff, c’était malin ! Jaspy garda pourtant un masque sérieux, comme d’habitude, mais répliqua, d’un air amusé et légèrement moqueur :

" Qu'est-ce que tu as contre mon sourire Colgate, Nat ? Sur ce sujet, tu n'es pas mal non plus ..."

Regard étincelant, soutenant l’ocre des pupilles qui le jaugeaient. Jasper était intimidé, certes, mais pas question de le montrer. Jamais. Il avait beau être sensible, il avait sa fierté toute garçonnière, ce qui est tout à son honneur, bien entendu. Bref, Jasper ne se laissa pas impressionné et se laissa détailler par Nathaniel. Il avait l’air d’apprécier la vue, le bougre. Jaspy avait l’habitude qu’on le regarde. Il sentait les regards courir sur lui quand il passait dans un couloir fréquenté de Poudlard, il avait l’habitude que certaines filles se retournent sur son passage quand il marchait dans la rue d’un pas nonchalant. Il avait l’habitude qu’Allen le regarde, faussement apitoyé par son fils. Il avait l’habitude que Nat le regarde ainsi, comme s’il cherchait quelque chose, et qu’il ne trouvait pas, puis qu’il recommence, sans relâche. Coriace, le Cullen de Forks. Jaspy n’était pas gêné, il attendait, simplement, patiemment, que Nathaniel termine son examen et retourne à d’autres occupations, ce qui ne tarda pas à arriver. Le voilà qui parlait d’Allen, le père de Jasper, le frère de Carlisle. Et accessoirement, un ennemi de Nat. Jasper comprenait cette opposition. Et dans l’histoire, il serait plutôt du côté de Nat ( qui l’eût cru ? xD ). Allen était particulièrement désagréable avec sa famille, surtout avec son frère dont il méprisait les activités et le départ vers l’Amérique. Jasper le trouvait bête. Ca ne servait à rien d’avoir une famille si on ne l’appréciait pas. En même temps, Allen et Carlisle ne s’étaient pas choisis dans un catalogue. On ne choisit pas sa famille, c’est bien connu.

Jasper passa la main dans ses courts cheveux, poussant un soupir résigné. Il n’était pas trop impliqué dans cette guéguerre entre son cousin et son père, mais Nathaniel allait parfois un peu loin quand il parlait d’Allen. Et vice-versa, bien sûr. Jasper se gardait bien sûr d’émettre un avis quelconque en faveur de l’un, car l’autre le prendrait mal, et le Serdaigle ne voulait pas que ça arrive. Il avait déjà du mal à garder les gens qu’il aimait près de lui, si cela devait toucher son père ou son cousin… Le jeune homme se rappela peu à peu ses vacances dernières. Dans l’ensemble, ça avait été super, mais Nat s’était conduit d’une façon assez agressive envers sa famille. Jasper avait renoncé à calmer le jeu : il n’avait pas envie que Nathaniel, pris d’un accès de furie, le morde. Mais Jasper se rassurait : ça n’arriverait jamais, Nat ne pourrait pas le mordre. C’est du moins ce que le Serdaigle aimerait croire. La peur était tapie au fond de lui, comme une bête noire.

Sombres pensées qui furent balayées par un simple sourire. Certes, c’était un peu effrayant avec ces canines un peu plus aiguisées que la normale, mais tout aussi envoûtant. De plus, le Vampire arborait un regard de chien battu, qui le rendait tout à fait adorable. Sur les lèvres de Jasper naquit un doux sourire.

« Tu sais bien que je te pardonne tout, Nat. La situation n’était pas facile pour toi, et de toutes façons, quand tu es en rogne, impossible de te raisonner…Tu n’en fais qu’à ta tête. Et personnellement, je ne trouve pas que tu aies de sales pattes, comme tu dis. Arrête de dramatiser ainsi, ça n’en vaut pas la peine, Nat. »

Jasper ponctua sa phrase d’un léger rire amusé. Nat avait un sacré caractère, pas toujours facile à vivre. Difficile de vivre avec un être qui se considère comme parfait, et qui y croit. Ce devait être lassant, à la longue. Bien que Jasper adore, non, adule son cousin, il osait le remettre à sa place quand Nat dépassait les bornes. Jaspy cessa de rire, redevenant sérieux. Il glissa sa main dans sa poche et en sortit une cigarette.

« Je fume. »

Ca n’était pas une demande, juste une simple mise en garde. Jaspy glissa le bâton plein de produits dangereux, toxiques et nocifs entre ses lèvres couleur cerise mûre, et l’alluma d’un coup de briquet. La première bouffée fut tirée quelques secondes plus tard, paser ferma les yeux et les rouvrit. La faible lumière des étoiles les rendait bien plus foncé qu’à l’ordinaire. Les prunelles marines rencontrèrent les dorées, et Jasper se permit un commentaire rêveur :

« Il y a quelques minutes encore, le ciel était doré, comme tes yeux . . . Aussi changeant que toi. »

Jasper s’avança vers le rebord de la fenêtre et s’assit contre l’encadrure, faisant face à son cousin. Tant qu’il en avait l’occasion, il observa le Vampire. On ne pouvait pas faire mieux dans la catégorie Vampires ténébreux. Nathaniel devait vraiment être en tête de liste. Le Serdaigle détourna son regard, qui glissa sur le ciel étoilé. Poudlard semblait désert, comme vidé de ses habitants. Parfois, on entendait un bruissement d’ailes, ou un léger souffle du vent. Mais rien d’autre. Appuyant sa tête contre la pierre glacée, Jasper ferma les yeux. Il laissa vagabonder ses pensées, calme, serein. Si l’esprit devait avoir une représentation, les songes de Jasper ressembleraient à des volutes de fumée grise, se dispersant aux quatre coins de la planète, au gré du vent. Volatiles et légères, ses pensées s’envoleraient, et disparaîtraient…

Jaspy tira une seconde bouffée de sa cigarette, et respira à fond. Il était bien, là, silencieux, écoutant seulement leurs respirations, comme d’habitude. Il en était presque à entendre les étoiles chanter, car c’est bien connu, les étoiles scintillent et font résonner l’espace avec leur tintement si léger… Et Jaspy écoutait si bien qu’il ne se rendait pas compte que sa gorge était presque offerte, là, à Nat, sa gorge pâle et immaculée. Qu’il morde, le Vampire, et l’Ange tomberait. Fascination, Tentation.

Jasper - « Qu'est-ce que tu as contre mon sourire Colgate, Nat ? Sur ce sujet, tu n'es pas mal non plus ... »

Nathaniel prit un air des plus innocent avant de détailler son magnifique cousin. En lui, il voyait la représentation de l'humain parfait. Jasper était l'Apollon de la race humaine pour le jeune vampire. Lorsque Nat faisait encore partie des vivants, et même encore maintenant, il enviait la beauté joyeuse de son cousin. Lui qui était si rayonnant. Un soleil ambulant ! Qui ne souhaitait pas se réchauffer auprès de son aura lumineuse et réconfortante ? Personne. Lui-même avait besoin, surtout en ce moment, de la présence éclatante du jeune homme. Mais il avait bien l'impression qu'un vampire à l'aura de mort glacée n'avait pas sa place au soleil. Pollurait-il la bulle colorée que c'était construite le Serdaigle ? Sûrement. Alors Nathaniel continuerait à broyer du noir, seul, dans son monde noir et froid. Il faut dire qu'il était pessimiste, angoissé et stressé. Et si ça se passait mal ? Et si, en randonnant, il se tordait la cheville et tombait dans une crevasse ? Et si elle trébuchait et se fracassait la tête contre une pierre ? Et si je perdait le contrôle et la mordait ? Et si, en ne mesurant pas ma nouvelle force, je lui brisait les os ? Et si... Enfin, vous voyez le tableau. D'autant plus que, Mutation en vampire + Déménagement brutal = Dépression violente. Oui. Même si cela ne se voyait pas forcément, le vampire allait mal, vraiment mal. Il était non seulement dégoûté de lui-même, mais aussi profondément triste. En quittant Forks, c'était comme s'il avait laissé tout un pan de lui-même là-bas. Son torse, au sens imagé du terme, évidemment, était percé d'un trou, d'une plaie béante et infectée qui le brûlait, le faisait suffoquer, pleurer et souffrir. Lorsqu'il pensait à Bella, à Forks, à La Push ou à ce funeste jour d'avril, lab lessure se rouvrait, agressive, pour lui rappeler qu'elle était là, pour lui rappeler à quel point il était seul, minable et déchiré. Les lèvres de la plaie semblaient alors brûlées par du vitriol. Souffrance.

La conversation dévia alors sur Allen, le crétin de père de Jasper. Cet espèce de débile profond (comme Nat aimait à l'appeler), était en tout différent de son propre père. Allen était allé à Serpantard, Carlisle à Gryffondor. Allen était le petit frère égoïste avide de pouvoir et de richesse, Carlisle était le grand frère attentif qui ne recherchait que la sagesse et la bonté. Allen était frustrée par la famille où il était tombé, Carlisle s'en accommodait avec bonheur et était très fier de la sienne. Allen était peu aimant avec son fils, Carlisle se jetait à corps perdu dans cette difficile tâche... Pauvre Jasper. S'il avait du vivre avec un type comme ça, toute l'année, Nathaniel, impétueux et butée, aurait depuis longtemps pété un câble. Peut-être Jasper l'avait-il déjà fait, à sa manière. Cependant, la manière de Nat aurait été très très très voyante. « Oups ! Mais pourquoi la maison est-elle dans un désordre pas possible ? Un troll est rentré chez toi par effraction ? » D'ailleurs, le Vampire rêvait de pouvoir mettre une branlée à ce sorcier obscur et dépourvu de principes. Pourquoi tant de cruauté envers son oncle ? Parce que c'était comme ça, depuis toujours, les deux Cullen n'avaient jamais pu s'encadrer. Surtout depuis que le fils Cullen de Forks était un vampire. Là, ça avait vraiment dégénéré. Et vas-y que je te balance des sous-entendu sur le fait que tu sois un mort-vivant, et que j'te balance des regards dégoûtés, et que j'agite des crucifix sous ton nez... Non pas que Nat hurlait lorsqu'il voyait le signe religieux, mais il s'agissait d'une plaisanterie douteuse, très même ! Nathaniel rêvait de lui tordre le cou ou de lui planter se dents dans la chaire. C'est pour cela que Carlisle, très consensuel et pacifiste, tempérait et modérait leurs disputes.

Jasper - « Tu sais bien que je te pardonne tout, Nat. La situation n’était pas facile pour toi, et de toutes façons, quand tu es en rogne, impossible de te raisonner… Tu n’en fais qu’à ta tête. Et personnellement, je ne trouve pas que tu aies de sales pattes, comme tu dis. Arrête de dramatiser ainsi, ça n’en vaut pas la peine, Nat. »

Nathaniel haussa les épaules, avec un petit sourire penaud.

Narcisse Noir - « Merci, mais tu ne devrais pas te montrer aussi accommodant avec moi. De mauvaises habitudes d'enfant gâté vont s'installer après. Et en ce qui concerne mon caractère, excuse-moi encore une fois, je m'énerve très vite... D'ailleurs, fais-moi penser à égorger ton père à Noël. »

Une pause. Il ajouta, du bout des lèvres :

Narcisse Noir - « Je dramatise si je veux, j'ai mes raisons. »

Il détourna la tête. La blessure dans sa poitrine l'élança douloureusement. L'air de rien, le Vampire entoura son torse puissant de ses longs bras musclés juste comme il faut, histoire de calmer le mal. Sans se rendre compte du malaise de sn cousin, Jasper eut un petit rire gai et, reprenant son sérieux, signala :

Jasper - « Je fume. »
Narcisse Noir - « Hum. » Marmonna t'il simplement, trop occupé à gérer sa douleur et à paraître en bonne santé.

Oui, la comédie c'était son truc. Grand amateur de théâtre, il admirait le jeu de certains acteur et faisait lui-même du théâtre. A ce moment même, il semblait juste pensif. Mais il avait mal, très mal. Il lui semblait que sa plaie imaginaire était rongée par de l'acide. Ses yeux, qui avait à peine reprit une très légère teinte ocre, redevinrent d'un noir d'encre. Un noir vide.

Jasper - « Il y a quelques minutes encore, le ciel était doré, comme tes yeux... Aussi changeant que toi. »
Narcisse Noir - « Hum, pardon ? » Fit Nat en secouant la tête pour retrouver ses esprits. Il fronça les sourcils. « Tu ne m'as vu qu'une seule fois avec les yeux dorés. Et brièvement en plus. Très brièvement. Je suis changeant, moi ? Enfin... Je suppose que tu as raison, je suis insupportable. »

Soupir. Tandis que Nathaniel desserrait prudemment ses bras de son torse, comme s'il allait tomber en lambeaux, son cousin se pencha dans le vide pour admirer les étoiles scintillante. Nat le regarda machinalement. Il s'attarda sur son cou tendu. Le Serpentard fut submergé par deux émotions à la fois : le désir et la fureur. Oh... J'aimerais tant goûter... Et : Putain, il le fait exprès ou quoi ?!
Le jeune homme, furibond, saisit le Serdaigle par le tee-shirt et le tira brusquement en arrière, manquant de l'étouffer. Il planta son regard furieux dans celui, effrayé, de son cousin et siffla, acide, de sa voix magnifique et veloutée, maintenant teintée de colère :

Narcisse Noir - « Tu tiens vraiment à mourir ? »

Il le lâcha et le poussa pour le tenir à distance raisonnable de lui.

Narcisse Noir - « Ne fais plus jamais ça ! » cracha t'il en détachant soigneusement chacune des syllabes, en insuflant le plus de rage possible à sa répartie. « Je ne veux pas te perdre alors fais attetion un peu ! Facilite-moi la tâche ! Je suis un vampire nouveau-né ! Cela ne fait que 6 mois que j'en suis un, alors ne surestime pas mon aptitude à me ternir tranquille ! »

Il se détourna de Jasper, fulminant, en marmonnant quelques paroles obscures et inaudibles

[J'adore ton style Désolé, mon message n'est pas très long --" ]

Non, Jasper n’avait pas vu le malaise de son cousin. Le regard du Serdaigle, d’habitude attentif, s’était perdu dans le vague. Néanmoins, jasper se redressa et répliqua à la tirade de Nat sur ses yeux, un sourire léger sur ses lèvres pleines :

Jasper – « Tu te trompes ! Quand on était à Oxford et qu’on dormait dans ma chambre, tu ne dormais pas la nuit. Il suffit de peu pour me réveiller et la première chose sur laquelle je tombais en ouvrant les yeux, c’est toi, assis sur le rebord de ma fenêtre, en train d’observer le ciel, comme maintenant. J’ai un peu honte d’avouer ça maintenant, mais je t’observais, parfois, à la dérobée. Tu devais penser à des choses agréables, parce que tes yeux s’éclairaient…Alors, peut-être était-ce mon imagination, ou bien le reflet de la lune, mais c’était …- Jasper se tut, puis reprit avec un sourire – franchement ravissant. Enfin, je m’égare un peu… »

Sur ces mots ambigus, Jasper se replongea dans ses pensées obscures. Sa tête était tournée, son cou tendu sans qu’il ne s’en rende compte. Sa pomme d’Adam se soulevait à chaque fois qu’il tirait une longue taffe sur sa Lucky Strike. Il paraîtrait que ça plaisait aux filles. Enfin, chacun ses goûts.
Le visage de Jasper s’était refermé telle une fleur qui s’apprête à passer la nuit (une huître, c’est moins poétique).D’habitude chaleureuse, la figure du Bleu et Bronze s’était considérablement assombrie. Le jeune homme songeait à sa famille, du moins, sa famille nucléaire : son père et sa mère. Jasper ne savait plus quoi penser de cette dernière. Il aurait tant voulu avoir une mère telle qu’Esmée, douce, altruiste, gentille, drôle, intelligente … Mais non. Son père avait préféré une femme comme Laura Cullen : tourmentée, double, timide, fragile. Le contraire de Jaspy, en fait. Oh, Laura avait été charmante, grande dame et tout le reste.Avant l’apparition de l’Autre. L’autre Laura Cullen, celle qui faisait du mal à son mari et à son fils. Jasper fut parcouru d’un frisson. Franchement ? il aurait tout donné pour avoir une famille comme celle de Nathaniel. Ce devait être génial de rentrer le soir du boulot, entendre des rires d’enfants, de sentir d’agréables odeurs émaner de la spacieuse cuisine. Jasper n’avait connu que la froideur des précepteurs, la timidité des domestiques, le silence d’une austère demeure. Rien de bien joyeux. Enfin, le passé, c’est le passé, on peut rien y changer, c’est une fatalité (ouah la rime XD).

Jasper s’arracha à ses songes, et alors qu’il était encore un peu sonné, étourdi, amer de s’être remémoré tout cela, il sentit qu’une main puissante le saisissait au collet. Le Serdaigle écarquilla les yeux. Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Nathaniel, Violence, Parce que. Par réflexe, le jeune homme se débattit mais que pouvait-il contre la force d’un Vampire en pleine croissance, son cousin de surcroît ?
Jasper sentit la prise se resserrer et c’est là qu’il commença à prendre peur. Avec peine, il se redressa et croisa le regard d’encre, rageux, furibond, de son cousin. Les prunelles bleu glacé brillèrent de peur. Ca ne présageait rien de bon… Le Serdaigle grimaça de douleur. Comme s’il n’avait pas assez mal au cou, la cigarette qu’il avait lâché l’avait brûlé le long de la paume gauche, avant qu’elle ne termine sa triste vie sur les toits humides de Poudlard.Jasper n’était pas couard, mais à cet instant, Nathaniel n’était vraiment pas rassurant du tout. Et en un même temps, il était toujours aussi attirant. Même plus. Cette aura ténébreuse qui le caractérisait était renforcée par la rage qui se lisait sur son visage délicat et androgyne. Les amatrices de Brunes ténébreux auraient été servies, mais malheureusement, il n’y avait pas de filière à Poudlard pour apprécier ce superbe spectacle. Enfin, si superbe spectacle était synonyme d’explosion de fureur, bien sûr.

Nat le relâcha et Jasper retrouva la terre ferme. L’adolescent tituba, légèrement sonné, le sang battant furieusement à ses tempes, la paume gauche barrée d’une longue brûlure qui cautérisait déjà. Le fait d’avoir du sang magique de guérisseur celte dans les veines, ça aide.

Narcisse Noir – « Je ne veux pas te perdre alors fais attention un peu ! »

Malgré la situation, ces mots allèrent droit au cœur de Jasper. En revanche, entendant la suite, Jasper préféra garder la tête baissée comme s’il était un gosse qui se faisait réprimander, l’air coupable. Il n’avait pas été attentif, c’était de sa faute, il le reconnaissait. N’empêche que Nat lui avait fichu une sacrée frousse ! Le Bleu et Bronze avait presque cru que … Que Nathaniel allait le balancer contre le mur, tant sa poigne était vigoureuse. Etre jeune Vampire apportait sa dose d’avantages et d’inconvénients, et apparemment, Nathaniel en faisait les frais. Pauvre Little Bat.

Jasper resta silencieux, conscient que tout était de sa faute. Il reposa timidement son regard sur son cousin : le Vampire qui paraissait si féroce il y a encore une minute semblait maintenant tourmenté et fragile. Jasper ne pouvait pas entendre ce qu’il chuchotait frénétiquement, mais il voyait la séduisante bouche du bel androgyne s’agiter. Le Serdaigle s’avança de trois pas, cassant la distance mise entre lui et Nat. Jasper hésita. Son cousin était vraiment à prendre avec des pincettes à cet instant, mais Jaspy n’allait pas attendre que Monsieur soit calmé pour s’excuser. Avec sa douceur habituelle, Jasper posa sa main sur l’épaule de Nat . Qu’importe que le Vampire se braque, il avait besoin de réconfort, et de la chaleur d’un être qui l’aimait. Le Serdaigle avança encore une fois et serra son cousin contre lui. Il glissa ses bras autour du cou de l’androgyne et fut secoué d’un frisson. Nat sentait bon, une odeur indéfinissable, une odeur glacée et en même temps parfumée. Il était étonnant de voir ou plutôt de sentir à quel point le corps athlétique de Jaspy était chaud comparé à celui de Nat. On passait des caraïbes au Pôle Nord en un rien de temps. Bref. Jaspy s’éclaircit poliment la gorge et commença à s’expliquer, de sa belle voix claire, mélodieuse ( Haïssons les Cullen XD Ils sont beaux, riches, et méchants ) :

Jasper – « Pardonne-moi. Je ne l’ai pas fait exprès, crois-moi. –Pause, silence. Puis il reprend- Ecoute. Je sais que ça n’est pas facile pour toi, ces derniers mois. Au contraire, c’est difficile, très difficile, même pour quelqu’un d’aussi fort que toi. Tout arrive d’un coup. – Nouveau silence – Je ne peux pas dire : je te comprends, car ce serait mentir, je n’ai jamais vécu ce genre de situations. Mais, Nat, même si ça va te paraître niais et mièvre à souhait, je suis là. Je prends le risque de rester avec toi. Ce n’est pas en t’isolant que tu gagneras. »

Tout en disant ce qu’il avait à déballer, Jasper s’était rapproché de son cousin. Il pouvait sentir la fraîcheur mortuaire de sa peau d’ivoire sous les vêtements de l’androgyne. Le soleil qui réchauffait la lune glacée jusqu’aux os, voilà l’image que l’on pouvait se faire des deux cousins Cullen enlacés. Ils étaient comme une éclipse partielle , chacune prenant possession de l’espace de l’autre, jamais totalement, toujours à hésiter, à se chercher, à passer, comme une ombre sur le territoire de l’autre sans vraiment s’y attarder.

Nathaniel. Jasper. A quand l’éclipse totale ?

Jasper – « Tu te trompes ! Quand on était à Oxford et qu’on dormait dans ma chambre, tu ne dormais pas la nuit. Il suffit de peu pour me réveiller et la première chose sur laquelle je tombais en ouvrant les yeux, c’est toi, assis sur le rebord de ma fenêtre, en train d’observer le ciel, comme maintenant. J’ai un peu honte d’avouer ça maintenant, mais je t’observais, parfois, à la dérobée. Tu devais penser à des choses agréables, parce que tes yeux s’éclairaient…Alors, peut-être était-ce mon imagination, ou bien le reflet de la lune, mais c’était … franchement ravissant. Enfin, je m’égare un peu… »

Nat resta impassible mais s'étonna intérieurement, un peu septique. Moi ? Ravissant ? Il me prend pour une peluche-oeuf ou quoi ? (Ben oui, une peluche c'est kawai et moi je trouve que c'est mignon un oeuf ! é.è) En plus il m'espionne ce goujat ! C'est vraiment inélégant de sa part ! Franchement, c'est une violation de l'intimité d'autrui ! Parole de Préfet, ça ! T'as raison d'avoir honte, vilain garçon.
Enfin, le vilain garçon dans l'histoire c'est plus lui mais bon... Ben oui quoi, c'est Nat qui passe à toute vitesse devant la maison d'Alen, dans un de ses bolides branchés, en klaxonnant, exprès pour emmerder ce dernier ; c'est lui qui ne fait que lancer des piques à tout le monde ; c'est lui qui, l'été dernier, avait mangé toute les fraises (eh oui ! c'était bien lui !)... Un sale gosse, quoi. Le pire, c'est que la plupart du temps, il faisait exprès. Même la fois où il avait renversé du café brûlant sur Alen, en prétendant avoir trébuché et en se répendant en excuses. Oui, ça aussi c'était fait exprès. Mais bon. Nathaniel savait bien pourquoi ses yeux prenaient des couleurs de miel la nuit, à l'abris des regards indiscrets (enfin c'est ce qu'il pensait ! Hem ! Hem !). Bella. Bella. Bella. La vérité, c'est que leur relation ne s'arrêtait pas à celle de simples meilleurs amis. Oui, vous avez deviné, ils sortaient ensemble. Comme quoi on en apprend tous les jours. Mais les deux tourtereaux avaient préférés garder ça pour eux, c'était bien plus exitant. C'était leur petit secret, ils étaient comme deux amants cachés. D'ailleurs, détail croustillant, c'était avec elle qu'il avait perdu son innocence et sa virginité, et réciproquement. Mais ça c'est une autre histoire.

Au niveau familial, Nat savait que Jasper n'avait pas beaucoup de chance. Son père était une ordure - point de vue personnel de Nathaniel - et sa mère était folle. D'ailleurs, la question de savoir ce qu'elle avait exactement lui brûlait les lèvres. Esmée avait bien comprit que son neveu allait mal et était en manque d'affection. C'était pour cette raison que, dès qu'elle le voyait, elle s'occupait le lui, lui faisait des calins, lui proposait de passer un moment avec elle... Esmée lui proposait de l'aider à faire la cuisine, elle lui apprenait à faire tel ou tel plat, elle lui donnait quelques cours d'arts, de musique ou de Français qui sortaient de l'ordinaire ; pas de leçons tristes et fades avec elle. Cet ange si maternelle ajoutait une touche de tendresse dans la vie du Bleu et Bronze. Combien de fois Nat avait vu sa mère carresser affectueusement la tête de Jasper, rire ensemble, être debout tous les deux devant les fourneaux à discuter avec entrain, se balader dans le jardin... Le Vampire devait bien avouer qu'il était un peu jaloux. Ok, très jaloux. Mais, pour ne pas briser ces instants de bonheur, Nathaniel se contentait de faire la moue, ou même de faire semblant de ne rien remarquer.

Bref. Le désinvolte de son cousin le frustra et l'agaça, c'est le moins que l'on puisse dire. C'est qu'il s'énerve vite le petit. Au termes d'une répartie particulièrement passionnée, Nathaniel lui tourna le dos et s'en alla un peu plus loin, histoire de se calmer, sans réel succès cependant. Le Vampire marmonnait quelques phrases agacées sur le comportement de son cousin... et le sien. Mais il parlait si vite et si bas que l'oreille humaine ne pouvait l'entendre. Il sentit le jeune homme s'approcher de lui. Nat se raidit et serra les poings ; les tendons saillaient sous la peau blanche et froide. Son visage se durçit, de même que son regard, et il pinça les lèvres. Une vraie pelotte de nerfs. Soudain, il sentit la main de Jasper se poser doucement sur son épaule. Celle qui portait la cicatrice de sa morsure, seule imperfection sur son corps parfait. Le Vampire, furibond et sauvage, s'apprêtait à le renvoyer sans ménagement sur les roses, lorsque celui-ci l'enlaça tendrement. Le bel androgyne cacha sa surprise mais ses lèvres frémirent. Il attendit, silencieux. Quelque part, le contact de son cousin, sa chaleur, le rassurait. Il sentit sa colère s'atténuer petit à petit, même si l'odeur entêtante de son cousin lui chatouillait les narines. Sa voix mélodieuse et agréable parvint à son oreille :

Jasper – « Pardonne-moi. Je ne l’ai pas fait exprès, crois-moi... Ecoute. Je sais que ça n’est pas facile pour toi, ces derniers mois. Au contraire, c’est difficile, très difficile, même pour quelqu’un d’aussi fort que toi. Tout arrive d’un coup... Je ne peux pas dire : je te comprends, car ce serait mentir, je n’ai jamais vécu ce genre de situations. Mais, Nat, même si ça va te paraître niais et mièvre à souhait, je suis là. Je prends le risque de rester avec toi. Ce n’est pas en t’isolant que tu gagneras. »

Un noeud serra la gorge de Nathaniel. Jasper avair raison et avait trouvé les mots juste. Un instant il sentit les larmes lui monter aux yeux mais il les ravalla à grand peine pour ne pas paraitre trop fragile. C'est vrai, Nat s'isolait. Il n'avait jamais était très sociable mais sa métamorphose n'avait rien arrangé, c'était même pire. Il s'était éloigné de ceux qu'il aimait dans le but de les protéger de lui-même, de son caractère instable et dangereux. Une maladresse et la mort - ou pire, une nouvelle mutation - pouvait leurs tomber sur la tête. Il s'éloignait pour ne pas leurs imposer son aura glacé et sombre, qui mettait tout le monde mal à l'aise. Il s'éloignait pour faire comme s'il était un héros qui luttait contre lui-même. Il s'éloignait parce-qu'il était con et inquiet, voilà. Rien que de constater ça, Nat se sentait minable et nauséeux. Par-contre, Jasper faisait erreur sur un point : le Vampire était loin d'être fort. Il n'était pas le chevalier vertueux que l'on croyait. Il faisait semblant. En vrai, il était très vulnérable. Depuis son départ de Forks, depuis sa mutation, il lui arrivait souvent de se rouler en boule et de se laisser baloter par le malheur et les larmes. Le jeune homme décida de laisser sa fièrté de côté et de se confier à son cousin, si cher à ses yeux. Nat annonça donc, la voix brisée et étranglée par le noeud de sa gorge, malgré le débit rapide et fébrile qu'il avait prit sous l'effet de la pression, mais toujours aussi magnifique :

Narcisse Noir – « Tu te trompe, Jasper. Je suis loin d'être fort. Au contraire. Je ne suis qu'un ignoble menteur, un lâche. Je fais semblant. Toute cette assurance... Ce n'est qu'un leurre. Je suis loin d'être l'homme que je semble être. C'est minable, n'est-ce pas ? Affligeant même. Je ne te cache pas que, plusieurs fois, je me suis trouvé à être recroquevillé sur moi-même, à me lamenter sur mon sort, à broyer du noir et des larmes. C'est ridicule. » Pause, alors que Jasper se collait contre lui. « Quant au fait... Que... Euh... Je m'isole... C'est que j'ai peur de vous faire du mal, j'ai peur de ne pas pouvoir me contrôler, j'ai peur de vous faire fuir; j'ai peur de moi-même. En fait, je suis mort de trouille. Je ne suis qu'un con. »

Nathaniel se retourna doucement vers Jasper, pour être face à lui, et le serra à son tour dans ses bras, dans une étreinte glacée mais sincère. Brisé par ces aveux douloureux, le Vampire s'autorisa à laisser couler quelques larmes silencieuses et froides. Des larmes pareilles à des diaments scintillants, chargées de sentiments et de malaise accumulé depuis sa mutation en créature des ténèbres.

Juillet 2007, Demeure des Cullen, Oxford

Toc toc !

Allen grogna. A tous les coups, c’était Jasper et nathaniel qui rentraient de leurs escapades mécaniques. Incorrigibles, ces deux-là ! Et comme d’habitude, jasper avait oublié ses clés ! D’un pas lourd, sans grâce -il n’était plus le beau Serpentard qui avait fait tourner les têtes- il descendit l’escalier et tourna la clé d’argent dans la serrure de la somptueuse porte d’entrée .Une fois ouverte, la porte s’écarta avec fracas, laissant passer deux adolescentes, certes très différents, mais fourrés ensembles dès qu’ils le pouvaient.

L’un était très brun, peau d’albâtre et mine taciturne. Nathaniel A. Cullen, Vampire de son état. A cet instant, pourtant, il riait avec Jasper, son parfait contraire. Blond vénitien, teint hâlé et visage rayonnant en toutes circonstances -ou presque-. Les opposés s’attirent, dit-on…

« Désolé, P’pa. On a pas vu le temps passer ! »
« Fais attention la prochaine fois, Jasper. Ma patience a des limites, tu le sais. »
« … Oui, Papa. » murmura l’adolescent, la voix pâle.

Tandis qu’Allen retournait travailler en ronchonnant, le regard sombre et suspicieux , les deux adolescents montèrent en vitesse dans la chambre de Jasper. Il y avait une vingtaine de chambres dans le manoir Cullen d’Oxford. C’était une vieille bâtisse qui faisait peur aux enfants quand ils passaient des enfants. Donc, il y avait vingt chambres, presque autant de salles de bains ( une dans chaque chambre ou presque), deux greniers, d’anciennes écuries…Nathaniel aurait pu dormir n’importe où, mais non, il avait choisi d’intégrer la chambre de son cousin, lui et tout son bordel ! Où est la logique, dans tout ça ? Nulle part, je vous le donne en mille.
La chambre de Jasper, déjà pas si rangée que ça en temps normal, était un vrai champ de bataille. Vêtements, bagages, magazines, disques, livres, tout s’entassait pour former un gigantesque océan de bordel typiquement masculin. Son occupant habituel poussa un soupir en s’allongeant, ou plutôt en se laissant tomber sur son lit. Il était crevé. Toute l’après-midi, lui et Nathaniel avaient des courses sur les routes désertes de la campagne qui environnait Oxford : son cousin au volant de sa Porshe noire, et lui, cramponnant fermement sa Harley-Davidson, noire également, qui avait coûté les yeux de la tête à Allen. Mais la moto était devenue le joujou préféré de son fiston, alors ça valait bien l’argent qu’il avait déboursé …Bref, résultat, les cousins arrivaient pratiquement toujours à égalité. Parfois, Nat remportait la partie, mais Jasper, avec une mauvaise foi sans faille, était sûr qu’il trichait.

Il était dix-neuf heures, et les cousins n’avaient aucune envie d’aller dîner. Ils restèrent donc dans la chambre, à parler de choses et d’autres, de choses bien sérieuses pour deux jeunes de seize ans. Mais tous deux s’en moquaient éperdument. Qu’on essaye de les en empêcher, tiens ! Puis, au fur et à mesure que le temps avançait dans la nuit, les yeux azurés de Jasper se fermèrent, et il finit par s’endormir. Son cousin s’allongea à côté de lui ( ben ouais, le lit de secours est coincé sous les bagages de Nat XD Alors il squatte le lit deux places de Jaspy ). Une heure passa, puis Nat se releva, comme toutes les nuits. Comme toutes les nuits, il s’installa sur le rebord de la fenêtre et l’ouvrit silencieusement. Il faisait clair et frais, cette nuit-là…

Quelques minutes après, le Bleu et Bronze s’éveilla, aussi discrètement qu’un chat. Le silence régnait en maître dans la chambre. La première chose sur laquelle le regard de Jaspy tomba fut son cousin. Tout le corps du Vampire était … bleuté par la lueur translucide de la lune et des étoiles. Sauf ses yeux. Qui avaient pris une teinte profonde et chaude, dorée comme le miel fondant et onctueux. Ce qui signifiait que le Vampire se sentait bien. Jasper eut un sourire. Peu importe à quoi pensait son cousin, si ça pouvait le rendre heureux, ça n’était que bénéfique… Quelques minutes d’observation à la dérobée, puis le blond se rendormit, un léger sourire éclairant son visage, flottant sur ses lèvres. Nat n’avait rien vu.

~★~

Premier bon point : Nathaniel s’était laissé faire. Jasper apprécia et laissa son cousin déballer tout ce qu’il avait sur le cœur. Ce que Jasper ne comprenait pas chez son cousin ( et pourtant, Dieu sait comment il essayait d’être compréhensif envers lui !), c’était pourquoi il ne se confiait jamais, pourquoi il intériorisait sa souffrance. Il serait moins mal dans sa peau, ainsi. Mais changer le Cullen de Forks sur ce point était quasi Mission Impossible. Nathaniel était si secret, si farouche…Imprévisible. Jasper avait parfois du mal à cerner son attitude. Là, par exemple. Jasper était un peu désorienté. Pourquoi Nat montrait-il tant d’assurance ? Pour impressionner les autres ? Ca ne servait à rien. Il en jetait déjà avec son physique et sa répartie, pas besoin d’en rajouter.

Jasper ne dit rien, il ne rajouta rien car il savait qu’il n’y avait rien à rajouter après ce genre d’aveux. Son rôle était d’écouter, pas de sermonner. Néanmoins, il fut surpris que Nathaniel quémande un peu d’affection après. Ca n’était pas le genre du Vampire de l’enlacer, lui qui d’habitude n’était pas tactile, au contraire de Jasper, qui recherchait le contact. Enfin, ça n’avait rien de désagréable. A part la fraîcheur de la peau de Nathaniel. Jasper s’en convenait parfaitement. Ou presque…

Contre sa joue, Jasper sentit quelque chose de froid et mouillé. Une larme… Le cœur de Jasper se serra douloureusement. Il détestait voir quelqu’un pleurer, surtout quand ce quelqu’un lui était très cher. Le Serdaigle redressa la tête, regardant son cousin pleurer des larmes froides et pures comme du cristal. Jasper se décolla légèrement de son cousin et remonta sa main jusqu’au visage du vampire. Délicatement, au coin des paupières, Jasper essuya les larmes cristallines qui s’accrochaient aux longs cils noirs et soyeux. Et ce geste, d’une douceur infinie, prouvait à quel point Jasper acceptait tout de son cousin : les larmes comme le rire, la souffrance comme la joie, l’amitié comme la haine …

Jasper – « Au contraire ! Moi, je te trouve fort. De nombreuses personnes n’auraient pas supporter une pareille mutation, se seraient enfuies, auraient refusé le soutien de quiconque, par fierté ou par bêtise. Toi, tu es resté le même, ou presque. Nat, j’aimerais tant que tu parviennes à oublier ta souffrance. Elle est en train de te détruire… Mais je ne sais pas comment t’aider… »

Regard tendre et inquiet de la part de Jasper, dont la main essuyait les dernières larmes présentes sur les joues d’albâtre du Vampire.

IRL - Bouuuuh ç_ç J'en suis pas fier non plus....

★

Juillet 2007
Oxford, demeure des Cullen.

Le dîner, premier jour. Tout le monde, sans exception, était assit à la grande table de bois massif, séculaire. Carlisle s'entretenait avec son frère de chose sérieuses, comme d'habitude. Malgré le fait que Carlisle soit plus vieux que son cadet, étrangement, il paraissait plus vigoureux, plus jeune. Avec ses cheveux blonds et son air sage et posé. Esmée, elle, discutait avec entrain avec Jasper. Ils s'amusaient bien tous les deux. Esmée couvait son neuveu de son regard vert et rieur, telle sa propre mère. Quand à Alice et Rosalie, elles papottaient de choses et d'autres, tantôt joyeuses, tantôt tristes, tantôt à voix basse... Tout le monde mangeait... Sauf Nathaniel ; qui boudait dans son coin, sombre et taciturne, une moue agacée typiquement adolescente sur son visage pâleur d'ossements. Il était le seul qui ne faisait rien. Il était là, sans broncher, immobile, silencieux. Il ne respirait pas, au sens littéral du terme. Etant mort, à quoi bon se fatiguer à respirer ? D'ordinaire, il le faisait quand même, mais là... Pas d'humeur. Quand Monsieur boude, il ne remue même plus le petit doigt. Même pas la peine d'espérer. D'ailleurs, ce comportement, qui durait depuis plusieurs jours, commençait à agacer Carlisle, qui l'observait du coin de l'oeil. Bientôt, celui-ci tenta une approche, toute en douceur :

Carlisle - « Nathaniel ? Tu voudras que je t'aide à déballer tes affaires ? Je pense que tu es fatigué, non ? »

Nat se raidit et il serra lèvres et poings. Le Vampire tourna la tête vers son père et lança, d'un ton brusque et sec :

Narcisse Noir - « Non. »
Esmée - « Tu es sûr ? Tu sais, ça ne nous dérange pas. Nat, nous savons que... »
Narcisse Noir - « PUISQUE J'VOUS DIT QUE J'AI BESOIN DE RIEN ! » Hurla Nathaniel en se levant, faisant tomber sa chaise au passage, le visage tordu par une grimace de colère. « Putain ! Mais vous êtes chiants à la fin ! Vous pigez pas l'Anglais ou quoi ?! »

Cependant qu'il criait, Carlisle s'était levé, furibond. Nat, quand il vit son père lui foncer dessus, recula en titubant. L'auteur de ses jours avec un haut seuil de tolérance, mais il ne fallait le dépasser sous aucun prétexte, ou il pouvait se révéler être un individu cruel et sans pitié. Et ça, son fils s'en était apperçu à ses dépends. Le docteur Cullen se planta devant son fils, furieux, alors que le visage de se dernier arborait une expression horrifiée. La réaction ne se fit pas tarder : Carlisle gifla Nathaniel. Pas une gifle de fillette, une vrai qui claque bien et qui laisse la joue rouge. Sous la violence de la gifle, le bel androgyne, qui ne faisait plus le malin, tourna la tête. Il porta une main à sa joue, regarda son père, à la fois vexé et scandalisé, puis s'enfuit en courant. Si vite qu'il ne fut plus visible. On entendit une porte claquer violemment, quelque chose se briser, puis plus rien. Esmée baissa la tête, ainsi que les enfants. Carlisle restait impassible, retourna s'assoir, et Allen avait l'air ravi. Le silence s'installa à la table.

A la fin du repas, Jasper monta dans sa chambre avec Alice et Rosalie. Ils fouillèrent la pièce du regard et tombèrent sur une silouhette assise devant la fenêtre. Nathaniel fixait sans le voir le paysage de campagne. La lune faisait doucement scintiller sa peau blanche comme le lis, d'une lueur bleuâtre. Ses yeux étaient d'un noir insondable et lançaient des éclairs. Son visage était dur, ses lèvres serrées, son corps crispé. Des traces de larmes, de colère et de frustration, luisaient sur ses joue d'albâtre. Rosalie hésita et appela doucement :

Rosalie - « Nathaniel ? »

Il ne répondit pas. Il ne bougea pas. Tel une statue marmoréenne qui dégageait vénusté et pureté. Rose n'insista pas et elle entraîna Alice dehors, laissant Jasper seul avec son cousin dont la colère rentrée était palpable. Le jeune homme alla s'assoire sur son lit sans quitter le Vampire des yeux. Il ouvrit la bouche, hésita, puis finit pas lâcher :

Jasper - « Nathaniel... Ce n'est pas grave. Tout le monde s'est fait gifler un jour ou l'autre. »
Narcisse Noir - « Je ne t'ai rien demandé. » Siffla le jeune homme sans pour autant daigner le regarder. « Tu ne comprends pas ce que ce geste est pour moi. Alors au lieu de me sortir ta psychologie à un penny, range ta chambre. Je n'aime pas le désordre. »

Et le silence retomba. Jasper baissa les yeux et se leva en soupirant, puis sortit.

★

Jasper – « Au contraire ! Moi, je te trouve fort. De nombreuses personnes n’auraient pas supporter une pareille mutation, se seraient enfuies, auraient refusé le soutien de quiconque, par fierté ou par bêtise. Toi, tu es resté le même, ou presque. Nat, j’aimerais tant que tu parviennes à oublier ta souffrance. Elle est en train de te détruire… Mais je ne sais pas comment t’aider… »

Quelque part, Jasper avait raison, encore une fois. Après tout, il résistait autant que possible, sans flancher, à la tentation qu'était le sang humain. Il se nourrissait de sang animal, faible consolation. Tout autour de lui, à Hogwarts, le sang l'appelait, mais il se contrôlait pour ne pas commettre l'irréparable. C'était dur. Il se débattait avec lui-même. Pourtant, aucun accident n'était encore arrivé. Il avait réussit jusqu'à présent.

Jasper essuyait doucement ses larmes. Malgré tout ce que Nat lui avait dit ou fait, le Bleu et Bronze avait toujours été gentil avec lui. Toujours. Pourtant, dès petit, le bel androgyne l'avait embraqué dans ses périlleuses expéditions, tout en sachant qu'il se ferait fâcher. Mais pour lui, enfant gâté, Jasper n'était qu'un nouveau jouet. En grandissant, il avait peu à peu comprit que son cousin n'était pas un pantin, mais petit, il le considérait comme tel. A 12 ans, en Alaska : « Jasper ! Viens ! J'ai trouvé un endroit gé-nial ! Regarde. Tu vois ce promontoire rocheux ? Ben on va jouer à un jeu ! On va sauter depuis là, pour atterrir dans la mer ! C'est sans danger, je te jure, j'ai essayé ! » Mensonge. « Ah... oui ? T'es sûr que y'a aucun risque ? » « Sûr et certain ! T'as la trouille ou quoi ? Enfin si tu veux pas rentrer dans mon club secret... » « Ton club secret ?! » « Oui. Pour y entrer, il faut sauter. » « Bon, ben j'y vais alors ! » Et Jasper sauta, manquant de se noyer, heureusement sauvé par Carlisle et Allen qui passaient par là. Nat avait dit, très convaincant, que Jasper avait voulu faire le malin. Trop épuisé, le garçon n'avait pas démentit la version de son diabolique cousin et l'histoire fut close, même si Allen passa un savon monumental à son fils. Carlisle se doutait de quelque chose, mais ne pouvant rien prouver, il garda le silence. Une autre fois, 10 ans, Oxford, Nat proposa de marcher sur un vieux pont de chemin de fer, désormais inutilisé. Le pont était vieux et pourri. Jasper chuta donc dans le vide lorsqu'il cassa. Nathaniel eut tout juste le temps de sauver sa peau. Il courrut alors vers la maison du blessé et, simulant la détresse, prevenu les parents que Jasper avait glissé du vieux pont en voulant attraper un papillon. Là encore, aucune preuve que le jeune garçon luciférien avait tout manigancé. Et toujours, il allait voir son cousin pour minauder comme quoi il ne savait pas et qu'il espérait qu'il se remettrait vite. A chaque fois, Carlisle s'occupait de son neveu avec application. Mais Jasper ayant peur des docteur, lorsque son oncle devait le recoudre, ou autre choses du même genre, le pauvre stressait comme pas possible. Tandis que le conspirateur s'amusait bien avec ses soeurs. Le bel androgyne ne savait pas vraiment pourquoi il prenait un malin plaisir à le traumatiser. Mais il savait juste que c'était drôle. Seulement, Carlisle s'apperçu de son petit manège et lui flanqua la plus grosse correction de sa vie : un bon coup de pied aux fesses, l'obligation de faire des excuses publique, et puni de tout pendant trois mois. Horrible. C'est donc là que s'arrêta ses mauvais coups envers Jasper... ou presque.

Le Vampire, lorsque ses larmes ne furent plus qu'un mauvais souvenir, se ressaisit et murmura :

Narcisse Noir - « Merci, Jasper. »

Hum... Que faire désormais ? Une idée folle lui traversa la tête et, un sourire éblouissant sur le visage, proposa de son irrésistible ténor :

Narcisse Noir - « Jaspy ? J'ai une excellente idée. Et si on fugait pour une nuit ? Je vole une voiture et on roule jusqu'à être perdus ! »

Le Préfet de Serpentard le regarda par en dessous ses longs cils noirs, son regard d'encre avait fondu et coulait vers lui pour l'envelopper. Son sourire lumineux s'élargit. Il semblait ronronner. Ensorcellant.

Août 2003, Alaska

« Jasper, Jasper ! »
« Quoi ? »

Le garçon blond leva le nez de son livre et rencontra le regard brillant de son cousin. Assurément, Nathaniel avait trouvé un nouveau jeu et il comptait utiliser Jaspy comme cobaye. Malgré son jeune âge, jasper se méfiait. Mais pas assez. Nathaniel s’installa sur l’appui-coude du fauteuil et expliqua, sur le ton de la confidence, comme s’il s’agissait d’une confidence de la plus haute importance [vise-moi c’te rime ! XD] :

« J’ai trouvé un endroit génial ! Tu vois le promontoire rocheux près des falaises ? »
« Euh…Ouais. » répondit Jaspy, guère rassuré. Prudence. Le garçon lâcha son livre et ancra son regard glacé dans celui de Nathaniel.
« Ben, on va jouer à un jeu. On va sauter depuis là, pour atterrir dans la mer ! »

Silence de la part de Jaspy. Mauvaise idée. Je voix explique, au cas où vos charmantes petites cervelles ne comprendraient pas bien la situation. Si Jaspy sautait du promontoire, qui était tout de même assez haut, il ne risquait non pas de s’empaler sur des rochers coupants comme des lames, mais de s’écrabouiller contre la surface de la mer. Car, comme chacun le sait, plus l’on saute de haut, plus la surface de la mer nous paraît dure à l’arrivée. Hum. Et Jaspy n’avait pas envie de finir en bouillie pour poissons alaskaiens. Le doute se lisait sur son visage angélique et Nathaniel dut le remarquer puisqu’il sauta gracieusement de l’appui-coude et croisa les bras, le nez en l’air. La parfaite petite peste. Mais Jaspy ne voyait pas ça comme ça, bien sûr. Il voyait son cousin comme l’incarnation du garçon parfait de douze ans. [Heureusement, ça a changé depuis XD]. D’une voix pernicieuse, le petit (grand) brun lança :

« Enfin, si tu veux pas rentrer dans mon club secret … »
« Ton club secret ?! »

C’était sorti plus vite que Jasper ne l’aurait voulu, mais il n’avait pas pu s’en empêcher. Nathaniel esquissa un léger sourire. Il le tenait. Il le savait parce que les jolis yeux de son cher cousin avaient brillé. Ha ha ha. Trop facile. Jaspy était vraiment trop naïf. [ Ca, mon pote, tu l’as dit xD ] Le brun se rapprocha à nouveau de Jasper et de sa voix envoûtante, déclama quelques autres mensonges. Vraiment trop facile d’embobiner Jasper.

« Ouais, un club rien que pour nous deux. Toi et moi. On fera de la magie en cachette, un truc super, quoi ! »

Tu l’as dit ! Trop super ! Jaspy se leva. Il fit un clin d’œil à Nat, qui le lui rendit par un sourire éclatant.
Quand ils sortirent, il faisait frais, mais rien d’étonnant pour un mois d’été en Alaska ! Les deux garçons se dirigèrent vers les falaises, pics escarpés et rocailleux dont la base plongeait dans la mer gris acier. Les vagues battaient la roche calcaire dans un bruit sourd et régulier, mélodie puissante et salée venant de l’élément destructeur qu’est l’eau. Bientôt, ils parvinrent au promontoire rocheux qu’avait indiqué Nat. Jaspy fut soudain moins assuré. Après tout, c’était peut-être pas si super le club secret de Nat. Remarque idiote. Ce que faisait Nat ne pouvait être que super, fantasmagoriquement génial ! Néanmoins, Jaspy se tourna vers Nat, une lueur d’inquiétude dans ses beaux yeux bleu glace. D’une voix un peu tremblante, le Serdaigle demanda :

« Tu es sûr que ... ? »
« Mais ouais, t’en fais pas ! T’as la trouille ? »
« Nan ! »

Jasper fronça les sourcils. Il ne voulait pas passer pour un dégonflé aux yeux -si envoûtants- de son cousin. Le blond enleva ses Converse qui n’auraient pas résisté à l’eau, ainsi que ses chaussettes et son tee-shirt. Par contre, pas question de plonger sans pantalon, il voulait pas mourir frigorifié. Jaspy s’avança sur le bord. Le cœur battant, il se pencha et s’élança, offrant à son cousin un magnifique plongeon vers une mort certaine.
Le froid. La peur. L’eau qui le submergeait. Jasper suffoqua. Il n’avait pas pensé à comment revenir. La mer s’agitait dangereusement autour de lui. Oh…Si froid….Il ne sentait presque plus ses jambes. Un dernier sursaut. Un cri claqua dans son esprit embrumé. Tout tournait. Puis ce fut le noir.

Quand il se réveilla, il était entouré par son oncle et son père. Pas de Nathaniel. La lumière aveuglait ses fragiles pupilles. Il n’avait plus froid, mais il avait l’impression d’être passé sous un rouleau-compresseur.
Allen avait l’air furieux et mort d’inquiétude en même temps. Quand à Carlisle, il veillait soigneusement sur son neveu. Quand l’oncle bienveillant fut parti, Allen se retourna vers son fils. Jasper eut droit au savon le plus monumental de sa vie. Il était certain que les éclats de voix de son père avaient fait trembler les murs. Et Jasper n’avait pas osé démentir la version de son cousin, sachant qu’on croirait plus le jeune brun au charisme envoûtant que le blondinet qui avait sauté d’un promontoire rocheux de huit mètres de haut en totale inconscience.

Et dire que Nathaniel avait obtenu cela avec un simple sourire …

☆

Narcisse Noir - « Jaspy ? J'ai une excellente idée. Et si on fugait pour une nuit ? Je vole une voiture et on roule jusqu'à être perdus ! »

Jasper, en ce moment même, avait l’impression d’être au bord de ce promontoire rocheux. Heureusement, comme je l’ai si bien dit, ça n’était qu’une impression. Mais s’il avait cette sensation, c’était parce qu’il avait déjà vu cette scène. Ca n’était pas la même, mais presque. Nathaniel lui offrant son superbe sourire, son regard de velours et sa voix mélodieuse, et lui hésitant à accepter, tenté de suivre cette créature qu’il savait pourtant dangereuse, mais dont il aurait tout fait pour lui plaire.
Jasper se passa la main dans les cheveux et se dit que de toutes façons, il était perdu. Bien sûr, il cherchait des prétextes pour se dire que ce n’était pas parce qu’il ne pouvait pas résister à Nathaniel qu’il acceptait mais pour autre chose. Le Serdaigle ouvrit la bouche et répondit, neutre, bien qu’une petite bougie fut allumée au fond de ses yeux :

Jaspy- « Okay. »

Oui, ça manque d’émotion, et alors ? Certes, Jaspy était quelqu’un d’enjoué, souriant, voire même adorable, mais fallait pas pousser, c’est pas un Poufsouffle non plus ! Alors, oui, mesdames et messieurs, votre idole, Jasper W. Cullen est parfois sérieux.

Jaspy – « Mais, attends..Nat,on va le trouver où, ton bolide ? Que je sache, il n’y a pas de garages à Poudlard ? »

Et voilà, le grand problème, merci Jasper d’avoir soulevé cette question qui semblait plutôt importante.

Narcisse Noir - « Jasper, je viens de te le dire. On va la voler. Voler : verbe du premier groupe signifiant dérober, emprunter sans permission avec l'intention de ne jamais rendre. Tu comprends ? Sauf que moi, je vais la rendre. Enfin je vais l'abandonner et le propriétaire se débrouillera. Donc, autour de Hogwarts, il y a des villages moldus. Et qui dit moldus, dit voitures. Je vais courir jusqu'au village le plus proche et toi tu m'attendras. »

C’était pas possible d’être aussi agaçant. Jasper se retint de tirer la langue à son luciférien cousin. Puéril ? Un peu. L’angélique petit blond ne répondit
rien, se contentant de lever les yeux au ciel devant l’égo surdimensionné de Nat et le laissa passer devant. Aussitôt, Jaspy le suivit. Heureusement qu’il ne savait pas lire dans les pensées, car celles de son cousin l’auraient mis hors de lui. Oh, il savait que Nat le considérait encore un peu (beaucoup) comme un jouet. Jasper n’était pas dupe. Nat avait trop confiance en lui, c’était ça, le problème. Et cela lui jouerait un tour, un de ces jours. Et ce serait peut-être Jaspy qui lui jouerait ce tour…C’était même fort probable.

Les couloirs du château étaient silencieux, frais et déserts. Jasper posa sa main sur sa poche, s’assurant que sa baguette était toujours là. Parfait. Au cas où deux ou trois tableaux seraient trop insistants, il avait de quoi les faire taire. Mmmh ? Comment ? Assasin ? Vandale ? Mais pas du tout, voyons. Jasper préservait simplement sa sécurité.

Les deux garçons se retrouvèrent bientôt dans le parc, immense, déserté par les élèves à cette heure tardive de la nuit. La chance était avec eux ! De plus, pas besoin de Lumos, le ciel était particulièrement dégagé et la lune éclairait de sa lueur froide l’étendue d’herbe et d’arbres.

Nat les conduisit jusqu’à un immense arbre à l’air guère rassurant. Jasper s’arrêta et tourna son regard interrogateur vers Nathaniel, qui avait l’air très
satisfait de lui. Le Vampire le poussa légèrement vers le Saule, qui agita très faiblement ses branches meurtrières.

Narcisse Noir - « Voilà. Tu vois le noeud de la racine, là ? Et bien il ouvre un passage secret vers la cabane hurlante. Tu le savais ? Enfin, bref. Tu vas te faufiller jusqu'au tronc et appuyer dessus, en essayant de ne pas te prendre de coups. Tu verras, c'est très amusant et très simple. »

Mais oui, bien sûr. Très amusant, et très simple. Non mais Nathaniel avait fumé un truc d’illégal ou quoi ? Il prenait Jasper pour une buse ? Le Serdaigle fronça les sourcils, imperméable aux deux sourires éblouissants de son cher cousin. Il ne bougea pas d’un pouce, et Nathaniel lança :

Narcisse Noir - « Allons, vas-y, Jaspy-chou ! Je te regarde. Fait plaisir au Prince Nathaniel. Prouve moi que tu n'es pas une chiffe molle. »

Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Non mais ! Pour qui se prenait-il ? Cette stupide chauve-souris méprisante ! Jasper posa une de ses mains sur sa hanche. Il fit demi-tour et pointa son doigt vers Son
Altesse la chauve-souris :

Jasper – « Le Prince Nathaniel va calmer son ego et me faire le plaisir de faire lui-même ce qu’il me demande. Après tout, c’est ton idée, non ? Je suppose que ta force et ta rapidité te seront très utiles. »

Un sourire éblouissant naquit sur les lèvres de Jasper et il s’avança vers son cousin. L’adolescent attrapa son cousin par la manche et le poussa vers le Saule Cogneur. Jasper prit la place de son cousin, appuyé contre le tronc de l’arbre inoffensif. Jasper croisa les bras, son sourire moqueur et ses yeux cristallins braqués sur Nathaniel, qui ne devait pas s’attendre à une telle réaction de la part de son si docile cousin.

Jasper – « Tu n’as pas compris ? Allez, à toi de prouver que tu n’es pas une chiffe molle, Nat. Pour une fois, ça ne serait pas du luxe ! »

Rire cristallin. Jasper poussa un soupir amusé et secoua légèrement la tête. Il était très satisfait de lui. Il avait dit ça sans réfléchir, et décidément, être le méchant vilain cousin lui plaisait assez.

Jaspy était un ange tout droit venu de l’Enfer. Un corps divinement sculpté par les démons et un esprit façonné par l’Archange Gabriel lui-même. Son sourire était une arme de destruction massive. Et quand ce sourire s’accompagnait d’un « Non », il était normal d’être KO. Tout humain normalement constitué aurait été terrassé par ce Non. Certes, Nathaniel n’était plus humain. Il était donc normal que la partie ne soit pas tout de suite gagnée, mais Jaspy avait marqué quelques points. Nathaniel avait l’air vraiment paumé. La non-habitude a être contredit devait être rude. Surtout venant de son angélique cousin, le beau et docile Jasper Cullen. Cousin qui lui avait obéi, toutes ces années, comme un chien obéit à son maître. Mais le chien était retourné à l’état sauvage, devenant presque un loup.

Jasper ne semblait pas impressionné par la petite démonstration vampirique de son cousin. Le genre cobra, les yeux ocres, l’air méprisant…Il était trop habitué pour que ça lui fasse quelque chose désormais. Et oui, le merveilleux pouvoir de Nathaniel semblait s’atténuer sur Jasper. Désormais, ce serait au petit Serdaigle d’exercer son magnétisme sur la population Poudlarienne. Un magnétisme d’une insolente efficacité. Presque aussi efficace que celui de son Vampirique et luciférien cousin. Les paroles du Vampire le firent sourire. Mais pas un gentil petit sourire Jasperien. Non, un sourire moqueur, presque un rictus.

Jasper – « Je n’insinue pas que tu es un lâche, mais disons que pour une fois, tu devras prouver ta valeur…à mes yeux. »

Bam, encore une baffe pour Nathaniel. Certes, il avait de la valeur aux yeux de Jasper, beaucoup de valeur, peut-être même trop, mais il ne se proposait jamais pour tester les choses dangereuses. Alors, oui, on pouvait se poser des questions. Nathaniel était sans doute un peu lâche. Ou alors, il était complètement sadique et aimait vraiment se délecter de la souffrance des autres. Jasper pensait out simplement que son cousin était un fainéant qui méritait parfaitement sa place chez les Serpentard vu son caractère haïssable, bizarre et lunatique. En même temps, un Vampire chez les Poufsouffle, ce ne serait pas du tout logique. Un Cullen chez les Poufsouffle ne serait pas logique, à moins qu’il soit vraiment attardé. Jasper soupira, l’air ennuyé. Bon, c’était pour aujourd’hui ou pour demain ? Nathaniel semblait oublier que tout le monde n’avait pas l’éternité devant soi ! Rah là là…

Narcisse Noir – « En effet, je suis fort et rapide. Admire. »

Et bien, non, Jaspy n’admira pas parce qu’il n’avait pas que ça à faire, il réfléchissait à comment il allait immobiliser le Saule Cogneur qui commençait à s’agiter. Le réveil alors qu’il faisait nuit n’avait pas dû lui plaire. Surtout que deux sales gosses avaient la ferme intention de s’enfoncer dans ses entrailles pour voler une voiture et faire des conneries jusqu’au bout de la nuit. Jasper sortit de sa rêverie quand la voix cinglante de son cousin lui parvint. Le jeune Serdaigle se retint de tourner les talons et de partir laissant son cousin seul comme un con, mais le Vampire l’aurait pris pour une fuite. Le Serdaigle s’avança prudemment vers le Saule Cogneur, et sortit sa baguette de sa poche. Il toussa légèrement et leva sa baguette, qui fendait les airs aussi gracieusement qu’une aile de cygne. Le front plissé, l’air concentré, Jasper murmurait très bas une incantation, puis cria :

Jasper – « Immobilis ! »

Le Saule se figea. Il fallait faire vite, car le sort ne durait qu’une quarantaine de secondes. Jaspy rangea sa baguette et se dirigea en courant vers l’entrée du passage secret. Plus que quelques mètres, et…
Les quarante secondes s’écoulèrent plus vite que prévu. Le Saule s’agita et sans que Jasper ne puisse faire quoi que ce soit, une branche l’attrapa. Enfin, elle ne l’attrapa, mais le balança plutôt à travers les airs. Jasper sentait son cœur s’arrêter de battre. Nathaniel allait se moquer de lui jusqu’au dernier de ses jours après ça.
Jasper aurait pu avoir de la chance. Il aurait pu simplement retomber sur l’herbe et ne pas se faire trop mal. Mais manque de pot, le Saule l’envoya direct sur un arbre et son corps meurtri rebondi sur une pierre qui lui déchira la tempe.

Le corps s’arrêta de rouler. Une tache rouge sombre s’étalait en fleur sanglante autour de la tête de Jasper. Le garçon perdait peu à peu conscience. Nat…Il fallait qu’il appelle Nat sinon il crèverait ici…D’une voix ridiculement faible, Jasper appela pourtant, la douleur l’emportant sur son courage :

Jasper–«Nat..Prouve ta valeur à mes yeux.»

Un appel au secours pour le moins sibyllin. Jasper voyait flou… Le sang coulait le long de sa joue. Il prenait un risque, et si Nat se mettait à lui sucer le sang plus qu’autre chose ? Mais il était sa seule chance.